[RPsolo] Le repos du guerrier by Elessar

Un homme de grande taille, vêtu de loques sombres et miteuses s'avançait à pas lourd sur le sentier. Ses pas sourds remuaient le sable de ce pays, autrefois fertile et prospère. Désormais, humains et bêtes l'avaient déserté. Le vent chaud brûlait le sable rouge des dunes. Il leva un instant les yeux au ciel pour contempler un aigle famélique. Dernier vestige d'une civilasation, le roi des cieux semblait contempler amèrement son royaume perdu. Que pouvait pousser cet animal à rester, quitte à mourir, sur ces terres devenues inhospitalières depuis tant d'années?

Le vagabond s'arrêta sous un arbre mort, désseché, semblant d'abris pour le soleil qui ravageait son visage bruni par les voyages et autres errances. Il soupira, sortit une bouteille d'eau de vie de son sac et en pris une gorgée. Il s'étendit quelques minutes, ou quelques heures sur la terre fissurée par la secheresse. Qui aurait pu dire combien de temps il resta là, songeur ou endormi?

Il se remit sur son séant, jeta un regard vers les nuages et salua l'aigle, qui poursuivait inlassablement son ballet aérien. Il était en quête, tout comme ce voyageur. Mais en quête de quoi? Que restait-il bien sur ces pauvres terres à sauver? Qui s'en préoccupait désormais? Tous deux se posaient cette même question, sans pour autant ressentir l'envie de lâcher de prise, mourrir ici ou partir pour ne jamais revenir.

Les jours passaient et l'homme marchait. L'aigle, curieux ou vorace, suivait le voyageur, le quittant parfois quelques temps, pour revenir ensuite. Alors que l'homme parût défaillir, il se reprit et se lança en de grandes enjambées vers une hauteur, un plateau rocheux. L'aigle intrigué se rapprocha du sommet, et se posa sur une branche. L'homme hors d'haleine, atteint un angle élevé de la falaise, tel un promontoire naturel qui semblait avoir été façonné par des mains humaines. Il leva les bras et cria un nom qui réveilla un vague souvenir dans l'esprit de l'aigle. " Aleiras". L'homme soufflotait, ruisselant de sueur tout à coup. Il tenta de se relver, puis s'affaissa, essaya de nouveau, puis s'effondra, inerte sur le sable.

***

Le soleil martelait le crâne des voyageurs depuis le début de l'après-midi. Sunzo, le petit dernier s'amusait à poursuivre un lézard apeuré à travers les dunes, poursuivi à son tour par Hilda. Personne ne devait s'éloigner de la caravane, mais les petits bouts étaient inconscients du danger, et dans le fond chacun aurait aimé gardé cette lueur d'innocence.

[color=orange]Bohor tentait inlassablement d'abattre le grand rapace qui tournoyait autour d'eux depuis déjà une heure.

"Sale vautour! Si tu crois que tu me boufferas l'oeil tu peux toujours voler! grogna Bohor"

"Ce n'est pas un vautour compagnon, mais un aigle royal. Ce type de créature est noble et ne s'abaisse pas à..."

"Ta gueule l'érudit. Royal ou pas il a aussi faim que nous, et si nous n'étions pas accompagné je t'aurais bouffé depuis longtemps. Ca t'aurait évité de me prendre la tête avec toutes tes histoires!"

Le chef de caravane fit faire faire demi-tour à son étalon. Il se pointa de toute sa hauteur face à Bohor. Ce dernier, aveuglé par le soleil n'avait aucun moyen de lui tenir tête dignement. L'homme enturbané était vêtu d'une longue drapure noire, accrochée par des boucles argentées. De délicats motifs argentées étaient brodées sur sa tunique, rappelant les signes gravées sur l'armure de son cheval.

"mercenaire ou brigand, je ne tiens pas à en savoir davantage sur vous. Quoiqu'il en soit vous devez bien être totalement fous tous deux pour vous aventurer dans ce pays maudit. Les aigles royaux étaient vénérés du temps du Grand Empire. Si vous l'abbattez, je serais obligé de vous éventrer à mon tour."

Le mercenaire gromela et continua d'avancer d'un pas nonchalant.

"Voyez-vous compagnon, vous avez le don rare de vous faire des ennemies mortels. Bien heureusement pour vous je sais voir au-delà de la simple vision humaine, et des aléas de votre funeste destinée. Il semblerait voyez-vous, que les aigles de ce pays eurent longtemps un rapport priviligié avec l'homme. Certaines légendes rapportent qu'ils étaient porteur de messages, gardien du savoir et bêtes prophétiques. D'autres encore parlent d'aigles qui guidèrent de grands guerriers vers la victoire, et les Ousbabs certifient avoir combattu des aigles enragés sur les remparts de Alazé, ce que confirme également lé légende d'Aleiras. Je pense que ce peuple a su domestiquer un animal, tout en lui laissant sa grâce et sa majesté. Bien des mythes révèlent de précieux secrets vous savez?"

"Le bibliothécaire, pourquoi m'avez-vous engagé? Vous êtes sadique au point de vouloir me tuer en me noyant sous votre savoir, en plein milieu du désert? Vous payez très bien, et d'avance, mais je commence à me demander si vous accompagner était un bon choix. Qu'est-ce que vous êtes venu chercher dans le trou du cul du monde? Il n'y a que du sable ici!"

"Il est possible qu'il n'y ait rien de ce que j'y cherche en effet. Mais je crois que quelque chose d'extraordinaire est en passe de se produire, et cet aigle fébrile y est peut être pour quelque chose. Je parle un peu le langage des bêtes, et je comprends assez bien leur psychologie."

"Vous parlez le vautour?"

"Non bien sûr, personne ne peut parler le langages des oiseaux, cela se saurait. En revanche je comprends ce que leur vol signifie, ils y cachent certains signes. Cet aigle ne vole pas au-dessus de nos têtes pour rien. Il ne nous dévorera pas, il sait très bien que nous sommes armés et capables de résister à la chaleur du désert. S'il reste ici c'est qu'il tient à nous faire comprendre quelque chose."

"Et c'est quoi?"

"Qu'il est là gros bêtat! Vous avez compris son message le premier, et vous ne vous en êtes pas douté un instant."

L'érudit fi signe à la caravane de faire une halte. Il s'avança à l'écart de la caravane et fixa l'aigle. Il s'assit et attendit. Le temps passa, long et éreintant. Alors que la plupart des hommes s'étaient assoupis l'aigle piqua paresseusement vers l'érudit et vint se poser près de lui.

"Alors noble animal, je suis ton humble hôte en ce désert. Quel message m'apportes-tu? QU'attends-tu de moi?"

L'aigle dirigea son bec vers l'ouest plusieurs fois, puis gratta le sol et prit son envol. Il fonça vers l'ouest, fit demi tour vers le vieillard, et reparti droit vers l'ouest.

"Je crois que son message est très clair mes amis, l'aigle veut que nous allions vers l'ouest!"

Le capitaine de la caravane s'approcha du vieil érudit, toujours monté sur son étalon.

"Cela fait bien longtemps que je n'avait rencontré un Shadam. Je suis honoré."

Le mercenaire qui avait suivi la scène commença à gromeler car on le poussait à nouveau à marcher. Il râlait que ce vieux fou n'avait pas de coeur et que croire qu'un volatile pouvait guider un homme était pure folie.

"Vieux sénile. Que veux dire Shadam?"

"Shadam signifie homme à qui parlent les bêtes."

***

La lueur du jour perçait à travers les alcoves. La jeune princesse leva le voile qui la protégeait des moustiques et des chaleurs. Elle s'agenouilla sur le vaste lit à baldaquin, étirant ses bras fins et dodus. La servante s'approcha, une serviette humide à la main. Elle s'assit derrière la jeune femme et épongea son visage d'abord, insistant sur ses yeux d'un bleu éclatant. Elle appuya ensuite doucement sur les contours de ses lèvres, puis parcourut son nez fin et droit pour terminer sur les contours de sa nuque. Elle était ravissante, irrésistible, un mélange de douceur et de profondeur sensuelle unique. Sa démarche était une dans oû voletaient les dizaines de voilures accrochées à ses tenues. Sa voix une douce mélodie envoutante qui faisait succomber chaque fois son père, le roi, même dans ses plus grandes colères. Elle détenait un pouvoir très spécial. Sa fraîcheur se dégageait tel un doux parfum exotique, charmant les sens, apaisant les coeurs. les domestiques et seigneurs de la cour souriaient en la voyant déambuler dans les couloirs du palais, ravis, au bord de l'extase.

Elle devait se rendre à la salle du trône ce matin, pour écouter ses prétendants venus des quatre coins du monde connu. Tous se bousculaient pour obtenir la main de la si convoitée princesse d'Aleiras. Comme chaque jour elle s'installa sur son siège, digne et attentive aux infinis compliments que lui adressaient ses prétendants, prêtant attention à leurdéclarations d'amour et aux présents qu'ils lui apportaient. Mais elle cherchait l'amour. Comment ces gens pouvaient dire qu'ils l'aimaient sans jamais lui avoir parlé auparavant? Comment serait-elle heureuse auprès d'un inconnu? Elle était une personne avant tout, pas un joyau qu'on accroche à une couronne. Son père l'avait bien compris et respectait sa décision, bien que troublé et anxieux pour l'avenir de son unique enfant. C'est alors qu'entra un seigneur très original. Il était vêtu de cuir et de hautes chausses. Ses cheveux d'or flottaient au vent et ses yeux vert reflétaient la lueur du soleil. Il était accompagné d'un guerrier, un homme apparemment sans la moindre éducation. Ce dernier était vêtu de peaux de bêtes et portait de nombreuses armes accrochées en tout lieu.

Le roi: Seigneur, vous êtes la bienvenue dans la salle du trône.

Seigneur: Votre hospitalité m'honore seigneur. Je suis Gadalan, prince des terres brisées du grand nord, commandant des légions Huttines, et voici mon fidel serviteur qui par son excellence au combat me suffit comme garde rapprochée, Omrick. Sa hache a fendu bien moins de têtes que le regard de votre fille n'aura fendu de coeur j'en suis certain. Je me présente à vous aujourd'hui non pas pour déclarer ma flamme à votre chère fille, mais pour obtenir de votre part, et de la sienne, l'autorisation de la courtiser. Je pense en effet que les actions du coeur sont intimement lié aux vents de l'esprit et j'aimerais memontrer sinon digne d'elle, au moins interessant.

C'est là un discours bien étrangeque vous nous exposez seigneur, et particulièrement original. Pour ma part en revanche je n'y vois pas d'inconvénient.

Dans nos contrées ce sont les femmes qui choisissent leur mari, et c'est aux hommes de se montré dignes d'elles. La noblesse et la bonté de votre fille sont connues au-delà des territoires parcourus par le soleil lui-même, c'est donc là pour moi le plus grand défi que de plaire à une créature si merveilleuse dont je le sais, nul homme sain d'esprit ne se croirait jamais totalement digne.

Princesse: Vos paroles sont très flatteuse, et j'apprécie votre idée particulièrement. J'accepte donc avec joie votre requête beau prince. Nous nous verrons donc demain à la même heure sur la seconde colline du mont hyjal. Equipez-vous de chevaux et d'une tenue adéquat.

Le prince se retira après s'être agenouillé. Il croisa un vague instant le regard pétillant, empli d'innocence et d'espoir de la jeune fille. Il sentit alors en lui une vague de chaleur etsut dés lors qu'il n'aimerait jamais d'autre femme.

***

Le bruit des hommes et des femmes hurlant de terreur, des enfants agonisants, des animaux brûlés se mélangeaient au cahot d'une roue frottant la pierre. Sang et poussière se mélangeaient si bien, formant une osmose cruelle et poétique à la fois. Des bruits sourds lui parvenaient dans son semi sommeil. Il entendait ces voix, indistinctes, presque inhumaines. Un liquide chaud coulait le long de sa joue, il partait de son oreile et ruisselait le long de son visage jusqu'au cou. "Aleiras", "vieux fou", "Hilda", "caravane", des mots épars qu'il parvenait à capter parfois dans ce bruissement de paroles. Il avait mal, ses côtes semblaient se déchirer à chacune de ses respirations. Son gosier le brûlait. De temps en temps il sentait un linge frais sur son front, éponger son sang et sa sueur. Lavande, oui, il s'agissait bien de lavande. La main salvatrice était douce, attentionnée, une femme, peut être une jeune fille. Puis il sentit les cahotements de la charette sur laquelle il gisait. Il voyageait. Sa destination il n'en avait pas la moindre idée, ni même d'interêt à vrai dire. A nouveau les voix se firent entendre, mais plus distinctes cette fois.

La cité d'Aleiras était la capitale des hommes, le berceau des savoirs et de la civilisation. Elle faisait face à Sangrépine, la cité des morts. Aleiras a joué durant des siècles le rôle de protecteur de la vie, luttant inlassablement contre le mal par le savoir, la connaissance, et ses courageux guerriers. On dit que la cité fut enfoui lors du grand cataclysme précédent la fin des guerres obscures. Les armées des morts s'étaient rendus à travers le désert jusqu'à la grande cité, dans un cortège funèbre. La grande liche avait décidé de mettre un terme final à cette guerre, anéantissait tout espoir pour le monde des humains. Mais les choses ne se déroulèrent pas vraiment selon ses plans. Aleiras possédait certes une armée puissante, mais elle gardait également de puissants savoir magiques, et des alliés prêts à la secourir. Malheureusement elle fut trahi, et ceux qui lui avaient juré fidelité n'intervinrent jamais auprès d'elle, la laissant tombé aux mains des armées des morts. Une seule nation vint à son secours, c'était bien la plus inattendue. les nations barbares des terres brisées se rendirent à Aleiras afin d'appuyer la reine dans son combat perdu d'avance. Les légions barbares qui rejoignirent Aleiras ne revinrent jamais en leur pays. la cité d'Aleiras fut enfoui dans le désert, les terres du monde entier tremblèrent, les bâtiments s'effrondrèrent, et la terre s'ouvrit pour avaler ceux qui avaient trahi leur serment. Puis plus personne ne revit jamais Aleiras, les vaillants barbares venus porter secours, ni la grande liche et son armée. Pourtant nous savions oû se situait cette cité, des centaines d'hommes creusèrent son sol sans trouver une once de vestige. Aleiras a tout simplement disparu de la surface de la terre, ainsi que tous ses occupants.

Ce récit raviva des sentiments profonds et douloureux dans le coeur du blessé. Il se rappelait ces mots, les barbares, Aleiras, la grande liche, l'armée des morts. Il avait perdu la mémoire des décennies auparavant, mais ses mots l'intriguaient, lui rappelant comme un rêve lointain et trouble. Au fond de lui il sentait que celui à qui appartenait ses paroles se trompait, il n'en avait pas été ainsi. Les choses étaient bien plus complexes que ce qu'il voulait bien en dire. Il n'aurait su dire pourquoi, mais le vieil homme se trompait.

Elana attendait le seigneur Galadan sur son cheval à l'ombre d'un peuplier. Sa servante suivait derrière, en armes sous ça longue robe. La pricesse était vêtu comme un homme, en tenue de cuir, arc dans le dos et épée dans le fourreau. De la poussière s'élevait en bas de la colline. Deux hommes s'approchaient. Les cheveux blonds flottant au vent, le prince chevauchait avec une aisance plus pratique que gracieuse.

Galadan: Veuillez escuser mon retard princesse, mais nous connaissons en fait assez mal votre région. De plus les barbares ne sont pas connus par leur aisance à cheval.

Elana: Vous n'êtes pas en retard Galadn, juste à l'heure. Attaquons la montée du Mont Hyjal sans plus tarder. J'aimerais arriver à la cime avant que la seconde lune soit à son zénith. Ce sera un spectacle dont je ne me lasserai jamais! Et... appelez-moi Elana.

le prince barbare s'enorgueillit de ces paroles. Il chevaucha fièrement au côté de sa princesse qui lui souriait. Derrière suivaient la servante et son garde du corps. Le prince barbare échangeait quelques paroles avec la princesse, quelques mots de courtoisie auxquels elle répondait avec le ton juste, sans plus s'en soucier. Rapidment ils durent mettre pied à terre car le sentier était bien trop pentu. la chaleur commença à frapper la chevelure du prince. La princesse lui proposa un voile pour couvrir sa tête, mais ce dernier refusa. Il finit par l'accepter au bout d'une heure, craignant une insolation, et à bout de souffle. Il revêtu un turban rose, qui le ridiculisait lui et son titre. Quand il se tourna aigri vers son garde du corps, il le vit glousser avec la servante. Ces deux-là ne s'arrêtèrent pas de pouffer pour autant démasqués. Il jeta alors un regars blasé à la princesse qui esquissait également un sourire en coin, faisant mine de ne rien avoir remarqué. Il finit par perdre son air maussade pour s'esclaffer à son tour, bien que se sentant profondément diminué dans sa tenue d'apparat.

Lorsqu'ils atteignirent enfin le sommet, le prince était trempé de sueur. Son front ruisselait de grosses gouttes. il n'avait plus la force ni le souffle pour dire quoi que ce soit. Il s'agenouilla par terre aux côtés d'Elana et vit alors la grande cité d'Aleiras baignée par le soleil, surplombé des trois lunes colorées. le spectacle était superbe.

Elana: C'est ici et seulement ici prince que vous pourrez me courtiser. Et vous n'aurez droit qu'à une demie heure pour me parler.

Gadalan hoccha la tête. Il comprit qu'il serait capable de discourir correctement aujourd'hui, à court de souffle. Les obstacles se dressant entre sa princesse et lui semblaient plus grands qu'il ne l'aurait imaginé.

Les bocals s'entassaient au pied de la grande bibliothèque, emmêlement d'étagères croulant sous les ouvrages, croquis et autres papiers. La poussière révélait les rares rayons de soleil qui filtrait à travers un mur éventré de la tour, petites particules volant et virevoltant au gré du vent. Ramès était assis au milieu de ce tas, car il ne trouvait d'autres mots pour définir la bibliothèque et ses piles d'ouvrages anciens éparpillés en tout sens et sans la moindre précsion scientifique. Il relisait une fois de plus comme lui avait demandé son mentor "la grâce des cieux et son implication dans les arts magiques du troisième cercle", un livre de référence selon son maitre, ce qui ne semblait être un avis qu'aucun autre académicien partageait. Parfois il levait la tête et espionnait la cour du château, regardant les gamins jouer et rire, ou bien vaquer à leurs occupations. Certains au bord de la berge apprenait à faire des noeuds, tandis que d'autres travaillait les filets de pêche, d'autres encore menaient les troupeaux paitre plus en amont, d'autres sifflotait en plantant des clous dans des charpentes, d'autres eux ne vaquaient à aucune occupation précise et jouaient au daft-roll.

Ce jeu passionnait Ramès bien plus que ses vieux bouquins poussiéreux. Il avait au départ trouver ce divertissement d'une parfaite absurdité. Mais à force d'observer les garçons de son jeune jouer, il commença par en comprendre les règles, et toute la richesse de règles et de possibilités que ce jeu offrait. Il s'agissait non moins d'un jeu de balles et de placement stratégique sur le terrain. Afin de remporter la victoire, une des deux équipes devait comptabiliser 12 points. Chaque point se disputait par manche, et le ballon partait toujours de la droite vers la gauche, le but étant d'atteindre trois fois une ligne défendu par l'équipe adverse. D'autres règles plus complexes s'y mêlaient, et bien souvent les matchs tournaient au pujilat. En effet au-delà d'un bon esprit tactique, une résistance physique et un savoir-faire en brisage de nez semblait tout indiqué pour faire un grand joueur de daft-roll.

Une cloche sonna, signalant la onzième heure. Toutes ces petites fourmis s'éparpillèrent en courant vers leur réfectoire afin de se retaurer. Ramès jeta un oeil à l'assiette de fromage et de pain qui gisait sur un tabouret, déjà à moitié dévoré comme chaque jour par la gerbille qui gardait les lieux. Il se replongea dans son manuel, blasé. Il avait pensé que l'éducation magique serait passionnante, lui ouvrant les portes de secrets passionnant, et le dotant de pouvoirs phénoménaux. Il comprenait de plus en plus que les arts magiques demandaient un rigueur, une résistance à l'ennui, et une concentration dont il était bien malheureusement incapable. Il étudiait déjà depuis trois ans, et il ne parvenait toujours pas à formuler le moindre sortilège. Ses rêves de devnir un illustre héros d'Aleiras, sortant victorieux d'un duel face aux armées de la Grande liche s'évanouissaient aussi vite que les restes de ce qui avait semblé être un encas. Il serait certainement mort d'ennui avant de lancer le moindre maléfice.

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